La présidentielle lustrerait-elle les chiffres ?

Un article des Echos cette semaine (mardi 30 janvier, se prénommant « Déficit : en rentrant dans le rang, la France rend sa crédibilité au Pacte de stabilité ») m’a surpris tant par son titre que par son fond.

Résumé grossier : victoire !, la procédure européenne pour déficit excessif a été stoppée étant donné que la France a récemment amélioré ses comptes. En effet, après avoir dérapé en 2002, 2003 et 2004, le déficit français est repassé sous la barre des 3% en 2005 et devrait s’améliorer en 2006 et 2007.

Rappelons que les règles de l’Europe censées empêcher les gouvernements de faire n’importe quoi avec les comptes sont au nombre de 2 :

-         en 1, pas plus de 3% de déficit annuel pour le budget de l’Etat. C’est le garde-fou du n’importe quoi annuel.

-         en 2, pas plus de 60% du PIB d’endettement. C’est le garde-fou du n’importe quoi généralisé.

En effet, la dette est (à quelques détails près) la somme de tous les déficits annuels. Un déficit isolé peut-être tout à fait normal. Un déficit tout le temps n’est pas normal et fait exploser la dette, ce qui est actuellement notre cas.

Depuis quelques années, nous ne respections aucune de ces deux règles, ayant eu une pointe de vitesse à 4,2% de déficit en 2003 et une dette est proche des 65%. Donc normalement, sanction. Surtout que la France et l’Allemagne furent les deux pays à insister sur ces règles et sont actuellement les deux à ne plus les respecter. Quelle crédibilité quand par la suite nous faisons la morale aux nouveaux pays européens et quand nous leur demandons de respecter scrupuleusement les règles budgétaires de l’Europe pour faire partie du club !

La procédure vient de s’arrêter, une fois de plus, tout le monde se félicite de cet exploit. Je cite les Echos « Thierry Breton et les défenseurs du Pacte de stabilité peuvent pavoiser ». C’est la première ligne de l’article. Mais une question me taraude alors sérieusement : et la 2^ème règle, tout le monde s’en fout ? C’est des règles à géométrie variable ? Ca ne compte pas quand il y a des élections ? Pouce ?

Les 3% de déficit annuel, c’est la limite de la zone rouge des gouvernements pas sérieux. En théorie, il est aussi possible de ne pas faire de déficit (même si apparemment, ça n’est pas tellement la mode). Si je résume, nous nous félicitions d’avoir quitté la case « délinquants financiers » et d’être rentrés dans la case « budgets pas sérieux ».

Alors que le PS et l’UMP s’accusent mutuellement d’avoir augmenté la dette, l’UDF juge la situation financière du pays « honteuse ». C’est peut-être le mot le plus affûté de l’article …