L’économie n’est pas l’apanage de la droite ….

Publié le par Marc



Une idée communément reçue en politique française (et peut-être ailleurs également) est que seule la droite est capable de faire de l’économie et que les hommes politique de gauches voudraient bien y participer, mais malheureusement, ils ne savent pas compter.


A ce sujet, un excellent article dans les Echos, le 31 janvier, plus précisément le point de vue de Michel Sapin « Pour un débat économique serein ». En gros, il explique qu’il serait salutaire d’ arrêter avec cette caricature fatigante « droite = sérieux, gauche = saltimbanque ». Ensuite, que les finances publiques ont au final été davantage dégradées pendant la période Raffarin/Villepin que pendant la période Jospin. Ensuite, que financer le fonctionnement de l’Etat à crédit est un scandale pour ma génération étant donné que l’on paiera plus tard avec intérêts les vacances au ski que nos parents prennent actuellement. Et là, je suis vraiment d’accord avec lui. L’endettement actuel de la France m’amuse assez peu, le retour de manivelle s’annonce très très sévère. Finalement, il démonte le programme économique de Sarkozy, mais c’est son boulot, Michel Sapin est de gauche. Il explique que Sarkozy a fait un choix économique qui ne serait bien évidemment pas le sien. Mais pour une fois, ça a le mérite d’être un débat sérieux.


En politique, c’est pas fromage ET dessert, mais fromage OU dessert. Ca s’appelle faire des choix, politiques ce coup là. C’est ça qu’il faut bien comprendre, ce qui permet de détecter les hommes politiques qui promettent beaucoup trop de choses par contraste avec leurs prédécesseurs qui étaient nécessairement nuls et incompétents. C’est fini l’époque de Marx où on avait le beurre et l’argent du beurre (l’histoire va par là, c’est tout droit).


La gestion d’un budget implique de faire des choix. De droite, de gauche, d’autre chose, mais des choix. Personne ne peut promettre ET le smic à 1500 euros le mois prochain ET une baisse de 33% des impôts ET des crédits fictifs à gogo ET une réduction de l’endettement public (sauf Fabius).


D’ailleurs, les politiques de gauches devraient être encore plus rigoureux que les politiques de droites d’un point de vue « gestion des deniers de l’Etat », étant donné qu’ils attribuent un rôle plus large à l’Etat pour réduire les inégalités de la société. Pour ce faire, il faut dégager des marges de manœuvres budgétaires qui serviront à financer ces « choix ».


Il faut reconnaître qu’actuellement, la droite a davantage cherché à expliquer le problème : du moins, elle comporte moins de membres qui avancent des propositions totalement délirantes d’un point de vue économique (on a dit de faire des choix, pas de envolées éthyliques). Finalement, c’est peut-être le centre, à savoir Bayrou, qui a montré le plus de courage politique quant au sujet, en énonçant clairement un objectif de désendettement dans le programme présidentiel. Je crois me rappeler que Ségolène Royal a une fois répondu quelque chose comme « la croissance suffira à résorber le déficit » ou une autre guignolerie du genre. Cette phrase là est plus que mensongère. Sur des pointes d’ineptie affligeante pareille, ce devrait être pénalty, carton rouge, et coulisses direct.


Heureusement à gauche qu'il y a Strass-Kahn et surtout Rocard : sans eux, il serait plus difficile d'affirmer que l'économie n'est pas l'apanage de la droite ...

Publié dans Dette de la France

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M
Dans les Echos du 5 février, un courrier des lecteurs m'a naturellement interpelé. M Jean-Pierre Dumas s'insurgeait que les politiques ne gèrent pas davantages les comptes de la France : il a envoyé une lettre directement aux principaux hommes politiques de notre pays.<br /> Suite à un message que je lui ai envoyé, voici sa réponse, qu'il m'a autorisé à publier :<br /> <br /> <br /> <br /> De:<br /> "jpdumas" <br /> <br /> <br /> À:<br /> "'Marc Rousset'" <br /> <br /> <br /> Objet:<br /> RE: MERCI ...<br /> <br /> <br /> Date:<br /> Mon, 5 Feb 2007 22:00:37 +0100<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Cher Monsieur<br /> Merci de votre aimable mail  d’encouragement, j’ai envoyé cet article (que je n’ai pas encore vu) dans les Echos qui a dû en publier une partie.  Je pense que c’est grâce à M. Vittori journaliste aux Echos qu’il a été publié.<br /> J’ai envoyé cet article aux principaux hommes politiques de ce pays : Mme Royale, M. Hollande, MM. Chirac, Sarkozy, Devedjian, Lelouch, Méhaignerie, Balladur, Fillon, Cardo, Juppé, le Premier Ministre, Mme Bachelot. Il y avait deux questions précises.   Aucun n’a daigné répondre.<br /> Cela peut signifier plusieurs choses<br /> 1 L’article est mauvais et ne mérite aucune attention. Bien que je ne sois pas impartial, je ne le pense pas, la preuve des gens intelligents et compétents comme vous reconnaissent qu’il y a sujet à débat. <br /> 2 Ces personnalités sont trop occupées pour répondre à quelqu’un qui n’appartient pas à leur milieu (après tout, ils ne m’ont rien demandé). C’est possible, mais dans ce cas, il faut qu’ils restent dans la fonction publique (dont ils sortent pour la plupart) et qu’ils ne se présentent pas aux élections. Il ne faut pas s’étonner que le « peuple de gauche » passe son temps dans les rues, dans la mesure où les élus ne s’intéressent pas à ceux qui les interpellent. Je fais parti des gens qui pensent que la démocratie ne se passe pas dans la rue mais avec un dialogue constant entre les électeurs et les élus. C’est un moyen sûr et honnête de lutter contre la toute puissance de la bureaucratie dans ce pays. Mais dans la mesure où ces élus (de droite comme de gauche) sont eux même issus de l’ENA , on voit mal comment ils pourraient s’intéresser à de simples citoyens.  La Fontaine disait déjà que jouer  les importants faisait partie du mal français. Comment voulez vous qu’un homme qui se croit « important » puisse répondre à quelqu’un qu’il ne connaît pas.<br /> 3 Sur le fonds, ce que je dis dérange,  ce ne suis pas les idéologies  françaises, ce n’est ni de gauche, ni de droite. Je me permets de critiquer la quantité déraisonnable de fonctionnaire et leur avantages acquis exorbitants par rapport au secteur privé (jamais de licenciements), ça ne se dit pas (et encore moins écrit) en France. Néanmoins de part leur statut, ils contribuent à créer du chômage (sans le savoir). Chaque fois que l’on crée un emploi de fonctionnaire en France on détruit 1.5 emplois dans le secteur privé (Prof. Cahuc). Il y a un effet d’éviction du privé par le public. Aller expliquer cela en France…Je considère les pré- retraités comme des chômeurs déguisés (inutiles de vous dire que mes amis (pré retraités) ne m’aiment pas trop. Je considère qu’il y a une relation négative entre la croissance/l’emploi et les prélèvements obligatoires.  Plus il y a de transferts sociaux (pour la plupart pour les nantis) plus il y a des charges sociales pour les financer (qui peut nier que le budget de la SS est structurellement déficitaire et que ce déficit ne peut qu’augmenter sans une action déterminée du pouvoir exécutif) et plus il y a du chômage (aller écrire ça en France !)<br /> Tout ce que j’écris est vrai, mais politiquement incorrecte. Mais « la vérité est la marque d’elle-même » SPINOZA. <br /> De deux choses l’une, où le politique commence à prendre le pb. économique de la France à bras le corps (sans chercher des boucs émissaires), qui consiste à réduire les dépenses DABORD ou il ne veut pas le faire parce qu’il a peur de la rue et il faudra accepter le déclin lent (et peu visible de la France). C’est simple et n’on pas le droit de l’écrire en France, parce qu’on ne peut, on ne veut pas dire la vérité aux Français. On est un peuple à idéologie de gôche (France Inter est de gôche, (radio financée par les contribuables), le Monde, l’éducation du primaire au supérieur diffuse l’idéologie socialiste, les candidats à l’Elysée se croit tous obligés de faire allégeance à une idéologie socialisante (qui effraierait un travailliste britannique). On pense que l’idéologie de gauche (concept anti scientifique au possible)  peut permettre de raisonner en économie (tous les profs d’économie sont marxistes et ceux qui ont pignon sur rue sont des sociologues).<br /> 5 Certes ça mériterai d’être nuancé, étayé, je n’ai pas le temps et je ne serai pas plus lu que des gens plus importants que moi qui ont écrit des choses fort lucide sur la France, Camdessus, la commission Pébereau, etc. <br /> 6 Nous sommes en période électorale qui n’est pas propice à dire la vérité, on a plutôt tendance à raser gratis demain ; mais ce qui semble désespérant dans notre cher et vieux pays, c’est qu’on a l’impression d’être étrangement seul quand on essaie de parler de lois économiques simples qui sont exogènes et s’imposent à tous. Tout le monde reconnaît que les 35 heures sont une stupidité politique, on a élu un homme de droite pour remettre de la rationalité économique. Qu’a-t-il fait ? Quand auront nous en France un leader qui dise la vérité aux Français ?  Nous vivons au dessus de nos moyens, il faut donc réduire notre train de vie et nos ambitions. (The Economist suggérait une Mme Tathcher pour la France …ça serait bien utile…J’avais suggéré to The Economist « to swap Mr. Blair against Madame  Royal, she has no substance but she has French touch ».)<br /> Voila les réflexions que m’inspire votre mail sympathique.<br /> Il faut créer avec les hommes qui le souhaitent (et qui ne se croient pas trop importants) un front de gens lucides et libéraux. Ca existe déjà mais ils ont si peu de pouvoir et sont si peu écoutés que c’est triste et désespérant…<br /> Je reste à votre disposition pour qu’on prenne contact à mon retour, (je continuerai à écrire aux politiques  tout simplement parce qu’ils se présentent aux élections et qu’ils nous doivent des comptes (« accountability ») et que je pense qu’il n’est pas normal de laisser le champs libre aux gens de la rue ou aux « intellectuels » de gôche.  <br /> Bien à vous<br /> <br /> Jean-Pierre Dumas<br /> jpdumas007@gmail.com<br />  <br />
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