Chez Sarkozy, on travaille plus pour travailler plus
Un des grands thèmes économiques de la campagne de Sarkozy est la réhabilitation du travail. Une de ses mesures serait donc de libérer la possibilité de travailler plus pour ceux qui désireraient gagner plus (ou pour les masos qui voudraient tout simplement travailler plus pour travailler plus).
Un bon article des Echos du 6 mars 2007, « Dr Sarko and Mr CAC » présente les problèmes qui pourraient survenir avec une telle mesure économique.
Cette idée s’appuie sur le credo économique que l’activité crée l’activité, aux antipodes de l’idée des 35 heures qui veut que le travail soit un stock prédéterminé donc qu’il est plus équitable de le partager, ce qui revient finalement à stigmatiser le travail.
Le projet de Sarkozy consiste à donner aux travailleurs la possibilité d’effectuer des heures supplémentaires sans payer davantage d’impôts et de défiscaliser ces heures afin que l’entreprise ne paie pas de charges supplémentaires.
La question qui me semble très judicieuse, mise en avant dans cet article, est la suivante : quid de ceux qui n’ont jamais entendu parler de 35h ? Les cadres et les employés de certains secteurs ne comptent pas leurs heures. Ils sont de fait exclu de cette mesure miracle qui va relancer la France et l’économie par les courageux qui se retrousseraient les manches et se mettraient à bosser jusqu’à point d’heure.
L’autre très bonne question est la suivante : est-ce que les entreprises auront vraiment intérêt à laisser leurs travailleurs travailler plus ? Quand les grandes entreprises ont des plans gigantesques de licenciements ou de réduction des coûts, vont-elles autoriser ces heures supplémentaires ? La question mérite d’être posée.
Finalement, un effet pervers qu’il est tout à fait logique d’anticiper : si c’est heures sont défiscalisées pour le travailleur et l’employeur, certains secteurs plus flexibles vont avoir intérêt à faire usage à outrance de ces heures supplémentaires et vont finir par les imposer (ouvertement ou non) aux employés : typiquement le bâtiment ou les services. Ce qui serait un frein réel à l’embauche. C’est un peu moyen pour un candidat qui veut flexibiliser le bazar pour générer de l’emploi.
Ce slogan « travailler plus pour gagner plus » est donc très discutable et très loin d’être la panacée à nos problèmes économiques. Difficile de penser que la droite va sauver la société par l’efficacité économique …