Ségolène Royal ou l’art du grand-écart

Publié le par Marc

La critique est facile, pourra-t-on me reprocher, et la droite ne s’est pas privée d’en catapulter moult avatars dans la presse les jours suivants, mais je me permets de revenir dessus tellement elle mérite d’être soulignée, bien au-delà du cri primaire prévisible de la droite « outrée offusquée affligée» dès que la gauche patauge (et vice-versa).

 

Beaucoup attendaient avec impatience le programme de Ségolène, après plusieurs mois de recherches intensives dans la presse et ailleurs pour tenter de le dégoter : ne cherchez plus, il semblerait qu’elle l’ait trouvé avant nous.

 

Quel est l’élément fatiguant dans ce discours de Ségolène, qui donne vraiment l’impression qu’elle nous prend pour des jambons ? Je crois que c’est le fait qu’elle commence par énoncer que « le poids de la dette est insoutenable » pour enchaîner directement sur 1242 nouvelles dépenses non chiffrés toutes plus géniales les unes que les autres. C’est vraiment l’avoir dit pour l’avoir dit (ou alors pour faire joli). Un grand écart sans échauffement, avec le sourire et un brushing parfait, en phase avec l’avis des français.

 

Le problème n’est pas le bien-fondé, la justesse ou l’utilisé des dépenses qu’elle a annoncé : dire ET « la dette est insoutenable » ET « vous aurez plus d’argent et de pouvoir d’achat » EST insoutenable voire diurétique.

 

Les échos n’ont pas choisi de le formuler de la sorte, mais j’ai cru comprendre que le message était le même. Si on relie deux titres d’articles de la page 2 des Echos du 12 février 2007, « Ségolène Royal se pose en candidate de la protection et de l’audace » puis « La dépense publique revient en force dans le projet socialiste », on a déjà un petit avant goût de ce qu’on va trouver au détour de ces quelques pages.

 

Même si la proposition de DSK peut sembler louche, à savoir faire payer aux français de l’étranger une taxe de solidarité nationale, elle témoigne au moins d’une volonté de financer des choix politiques. J’ai bien dit de « financer ». Chose qui n’est apparemment encore prévu chez Mme Royal.

 

Si vous avez les Echos en main, passez directement à la page 3, un des commentaires est relativement cocasse : Royal se fait rembarrer par Buffet, je cite, parce que ses mesures « ne sont accompagnées d’aucune disposition fiscale permettant d’assurer leur financement ». Sur ce coup là, elle est plus crédible que Ségolène, Marie-George, parce que c’est tout à fait vrai : à programme audacieux, financement audacieux.

 

Les cocos qui reprennent les socialos sur la gestion budgétaire, ça vaut quand même son pesant de cacahuètes.

Publié dans Elections

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